Je vais continuer mes articles sur ce sujet à cette adresse web: http://histoiremythe.centerblog.net/
Extrait du lien: http://godieu.com/doc/jeanleduc/jardin_eden.html
"Et l'Éternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, et souffla dans ses narines un esprit de vie ; et l'homme devint une âme vivante. Et l'Éternel Dieu détermina l'Enclos de sa Grâce qui le précédait, et y mit l'homme qu'il avait formé. Et l'Éternel Dieu fit surgir du fondement de sa Grâce toute sorte d'arbres agréables à la vue, et favorables à consommer ; l'arbre de vie au milieu de l'enclos, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal." Genèse 2:7-9
Le Jardin d'Éden
Comme la Bible ne dit pas que le jardin d'Éden a disparu, sa localisation terrestre a longuement été recherchée depuis l'Antiquité par les exégètes, les cosmographes et les voyageurs. Le mot paradis, d'origine perse, repris en hébreu (pardès) et en grec (paradeisos), signifie verger entouré de murs et correspond au jardin décrit dans la Genèse. Adam et Ève auraient vécu quelques jours dans le pays d'Éden au sein du "jardin des délices" source de quatre fleuves nommés Pishôn et Gihôn (longtemps pris pour le Gange et le Nil), Tigre et Euphrate. Ce verger toujours verdoyant sous un éternel printemps, agité d'une douce brise et bruissant de chants d'oiseaux, abondait en fleurs et fruits multicolores et parfumés ; là vivaient des animaux pacifiques et se trouvaient à profusion or et pierres précieuses. Un mur le séparait du reste du monde (mur de feu ou "mur" d'eau) et ce jardin clos était devenu au Moyen Âge un symbole de virginité et de vie monastique ou d'idéale insularité.
Dans une perspective géographique, l'image du paradis terrestre est à relier au contexte méditerranéen et proche-oriental, marqué par le désert et l'eau rare. Le jardin y est la figure idéale du bonheur, protégé de l'extérieur et rendu possible par l'abondance de l'eau. La croyance en sa localisation orientale résultait des deux noms de fleuves connus et d'une ambiguité de la traduction latine du texte biblique, la formule a principio (au commencement) ayant été comprise comme ad orientem (à l'est). La croyance qu'il avait échappé au Déluge impliquait une situation très élevée, au sommet d'une montagne qui n'était pas loin de toucher au cercle de la Lune, ce qui en faisait le château-d'eau de la Terre.
Toutes les localisations géographiques ont peu à peu été imaginées : on a cherché à l'est, en "haut" de la Terre, aux confins du ciel des cartes en T.O. (Ceylan, Sumatra, la Chine ou l'Inde = Éden) ; on a cherché au nord, puis au sud puisque Thomas d'Aquin le suggérait "sous l'équateur en un lieu très tempéré". On a cherché en Éthiopie, Arménie, Mésopotamie, Palestine. À l'ouest, Christophe Colomb qui se croyait sur le rivage oriental de l'Asie était persuadé qu'il allait le trouver en remontant l'Orénoque, et on l'a même cherché sur quelques Continents perdus comme Mu et l'Atlantide, ainsi que sur d'autres planètes dans notre système solaire.
Sa présence est parfois mentionnée sur les mappemondes jusqu'aux XVIe et XVIIe siècles, preuve de l'imprégnation religieuse dans la cosmographie. Simultanément, dans le contexte des efforts scientifiques pour maîtriser l'espace et le temps, les mêmes espoirs qui avaient tendu à la recherche géographique du paradis conduisaient à de savants et vains calculs pour fixer le jour de la création du premier homme (vendredi 25 mars à l'aurore) et de la sortie du paradis (le vendredi suivant à 16 heures) à une date située entre 4051 et 3928 avant Jésus-Christ.
Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que l'on voit dans le paradis terrestre une forme du mythe antique de l'âge d'or et qu'est abandonnée l'idée d'en retrouver le lieu sur la Terre. Il avait été un stimulant pour les voyages de découvertes. Désormais "céleste" et abstrait, le paradis devient pour la plupart des chrétiens un lieu immatériel sans rapport physique avec le firmament.
Les traditions d'un âge d'or, datant en général de l'époque d'avant le Déluge, sont très répandues et presque indissociables des traditions concernant un "Paradis originel", un "Jardin d'Éden".
La tradition la plus connue, à défaut d'être la plus ancienne, est celle que l'on trouve dans la Genèse (2:8-11,15). On sait que "l'homme" a été placé par "l'Éternel" dans un jardin "en Éden, du côté de l'orient" dans le but de le cultiver et de le garder. Dans ce jardin se trouvent des arbres de toute espèce, agréables à voir et produisant des fruits bons à manger (dont le fameux "arbre de la connaissance du bien et du mal"). Le jardin était irrigué par un fleuve qui se divisait en quatre bras. Et le texte de préciser le nom de chacun de ces bras :
"Le nom du premier est Pischon ; c'est celui qui entoure tout le pays de Havila, où se trouve l'or. L'or de ce pays est pur ; on y trouve aussi le bdellium et la pierre d'onyx. Le nom du second fleuve est Guihon ; c'est celui qui entoure tout le pays de Cusch. Le nom du troisième est Hiddékel ; c'est celui qui coule à l'orient de l'Assyrie. Le quatrième fleuve, c'est l'Euphrate."
De toute évidence voilà un "paradis" bien ancré en Mésopotamie (Hiddékel est supposé être le Tigre) mais il ne faut peut-être pas s'arrêter aux apparences... Dès l'Antiquité certains ont pensé que le Nil et le Gange étaient les deux fleuves non-identifiés (le Pischon et le Guihon) et le "pays de Cusch" a longtemps été assimilé à l'Éthiopie. De nos jours on pense qu'il y a eu une erreur (ou approximation) dans les traductions successives d'une langue à l'autre et que "à l'orient" devrait plutôt s'entendre comme "au commencement"... ce qui change tout.
Singularité de la Genèse par rapport à tous les autres paradis : l'unicité de l'homme. Il serait plus conforme aux traditions de comprendre qu'il s'agit d'un nom générique désignant le genre humain et non un individu isolé.
Quoi qu'il en soit ce paradis originel, comme bien d'autres éléments des traditions des Hébreux, est tributaire des autres traditions de la région et principalement de celles de Mésopotamie.
Le mot Éden est en effet originaire de Mésopotamie. En akkadien, edinu signifie plaine, et, en sumérien, edin est un terrain fertile ou irrigable.
Les premières mentions écrites d'un jardin paradisiaque apparaissent sur des tablettes cunéiformes de l'antique Sumer. Là, ce lieu mythique s'appelle Dilmun et est bien entendu un endroit planté d'arbres magnifiques, porteurs des plus beaux fruits dans un environnement floral bigarré et ensoleillé. Il est à noter que ce lieu est réservé aux dieux et que les humains n'y sont pas admis. (à une exception près, Ziusudra, l'équivalent sumérien de Noé, [ Utnapishtim dans l'épopée de Gilgamesh ] sera à titre exceptionnel admis dans le jardin divin. Comme l'Éden biblique, Dilmun est situé à l'est, là où le soleil se lève, à l'embouchure des deux fleuves, à l'autre bout du monde.
En Perse, dans les jardins clos, appelés justement "paradis" ("pairidaeza" en ancien Perse à rapprocher aussi du sanscrit "paradêsha", région suprême), l'eau était très présente. Le plus souvent, semble-t-il, elle était distribuée par deux grands canaux rectangulaires, qui marquaient les axes de l'enclos, et se rencontraient au centre en un vaste bassin où ils paraissaient diverger d'une fontaine à quatre bouches, figurant la source des quatre fleuves primordiaux du "paradis terrestre", berceau de la première vie humaine, de la première civilisation peut être.
En Chine, le séjour des Immortels est le Kun-lun, véritable centre du monde (malgré son emplacement "loin vers l'Occident") et porte du ciel. La souveraine de cette région est Xi Wang Mu, la "Dame-Reine de l'Occident", épouse de "l'Auguste de Jade". Son palais est bâti sur le sommet de la montagne, il a neuf étages et est entièrement fait de jade. Autour du palais s'étendent de magnifiques jardins suspendus circulaires (qui évoquent ceux de Babylone) où coule une fontaine et où pousse le Pêcher d'Immortalité.
L'Éden de la Méso-Amérique est en général appelé Tulan, et souvent "Tulan des Eaux". À Teotihuacan les parois des temples sont ornées de fresques : l'une montre le dieu de l'eau accueillant les bienheureux admis dans son paradis qui n'est autre qu'un immense jardin luxuriant riche en eaux courantes et en plantes tropicales.
Dans la mythologie nordique, le séjour des divins Ases, au matin des temps, est nommé Asgard, c'est à dire l'enceinte des dieux. C'est un lieu fortifié bâti dans une plaine toujours verte (nommée Idavoll cette plaine a longtemps été assimilée à l'Éden biblique...) dans laquelle ils ont bâti leurs palais. C'est un lieu paisible où s'élève le temple des dieux "bâtiment le mieux construit qui soit sur la terre et aussi le plus grand" tout en or (car il y avait grande abondance de ce métal à Asgard).
En Inde, le mont Meru est tout à la fois le séjour (enchanteur) des dieux et le centre, le pivot du monde. C'est tout particulièrement la demeure d'Indra.
La croyance fortement ancrée que le Paradis terrestre ou au moins une partie de ce lieu était encore concrètement présent en ce monde a entraîné, tout au long de l'Histoire des voyages, une quête qui a été un puissant moteur pour les explorateurs de toutes époques ou pays jusqu'au moins le XIX°siècle.
La croyance que ce paradis avait échappé au Déluge impliquait une situation très élevée, dans une montagne. Toutes les localisations géographiques ont peu à peu été imaginées : on a cherché à l'est (Ceylan, Sumatra, la Chine, le Tibet ou l'Inde) ; on a cherché au nord (le Paradis Hyperboréen), puis au sud puisque Thomas d'Aquin le suggérait "sous l'équateur en un lieu très tempéré"... On a cherché en Éthiopie, en Arménie...
En 1500, Christophe Colomb considère qu'il y a de grands indices de présence du Paradis terrestre au delta de l'Orénoque ! Il faut dire qu'une bonne part de la littérature médiévale n'avait guère laissé de doutes sur une localisation occidentale et océanique. L'histoire de Saint-Brandan qui s'était lancé sur le vaste océan à la recherche du Paradis terrestre et... l'avait (peut-être !) trouvé ("Ils voient une terre très fertile en beaux bois et en prairies. Les prés splendides et constamment en fleurs, y forment un jardin...") a dû faire rêver plus d'une génération de navigateurs.
En Grèce, l'île des Bienheureux est connue (dans les textes !) depuis la plus haute Antiquité ("l'île des Bienheureux est rafraîchie par les brises océanes" selon Pindare) et n'oublions pas le fameux "Jardin des Hespérides" et ses pommes d'or dont l'entrée est gardée par un dragon.
En terre celtique Tir Na N'Og, l'île de la jeunesse éternelle, joue un rôle similaire.
Si l'on tente de composer un "portrait-robot" du "Paradis terrestre" on est conduit à conserver les éléments qui se rencontrent le plus fréquemment à travers les différentes mythologies qui en ont gardé le souvenir.
a. Un espace clos et donc protégé ;
b. Une fontaine centrale ;
c. Quatre "fleuves" ou plutôt quatre canaux perpendiculaires ;
d. À l'intérieur un jardin luxuriant où toutes choses se trouvent en abondance ;
e. Au départ, un lieu réservé aux "dieux" avant d'y accueillir quelques mortels particulièrement "méritants" ;
f. Maintenant un lieu inaccessible, c'est pour beaucoup de mythologies la "terre originelle" ;
g. Cet endroit est souvent mis en relation avec une montagne ou au moins une certaine élévation.
Le jardin d'Éden, le Paradis, existait réellement. Tout le monde l'avait su un jour, mais c'était il y a longtemps, à une époque où les hommes n'expliquaient pas tout. Et petit à petit il advint que tout le monde l'oublia. On avait en effet expliqué tellement de choses complexes sur la Vie, l'Univers et tout le Reste, que le jardin d'Éden était resté une fable pour enfants, parmi d'autres. Cela s'était passé lentement, à une époque où les hommes avaient su user de leur raison pour pouvoir se passer d'explications enfantines quant à notre origine à nous, les êtres humains.
Cette époque passée, appelons la Époque de Raison, les hommes devinrent si habiles techniquement, qu'ils apprirent à voyager dans l'espace. Là, ils découvrirent encore plus de choses qu'ils n'auraient pu se l'imaginer. Puis, peu à peu, le Système Solaire tout entier se trouva peuplé d'êtres humains. Sur la Terre, sur Nod ou Astra, sur Mars et Vénus déplacées de leur orbite pour offrir un climat satisfaisant, ainsi que sur des satellites de Jupiter et de Saturne ; ils habitaient dans tout le Système Solaire. L'humanité atteint alors un nombre d'êtres insolite. Il y en avait partout à la surface des astres habitables, et il y avait de ces astres habitables partout.
La recherche d'un Jardin d'Éden littéral a même préoccupé l'imagination des théologiens aussi bien que celle des explorateurs et des chercheurs de trésors. F.X. Burque, professeur en Philosophie (Pluralité des Mondes Habités), mentionne une nouvelle étonnante sur la découverte du paradis terrestre : "En écrivant ces lignes, nous lisons avec un suprême étonnement, dans les gazettes du temps (1898), l'étonnante nouvelle que le vrai site du paradis terrestre vient enfin d'être découvert par un explorateur anglais du nom de W.H. Seton-Karr. En poursuivant un lion sur la côte du Somali, en Afrique, le célèbre explorateur a pénétré dans un lieu qui correspond exactement à la description de l'Éden donnée dans la Genèse. Mr. Seton-Karr est convaincu qu'il a trouvé le berceau de la race humaine. Un groupe de rivières correspond aussi exactement à la description biblique. L'explorateur a trouvé au même endroit des milliers d'instruments en pierre qu'il ne doute pas avoir été fabriqués par Adam lui-même. Pourrait-on appuyer de quelque preuve solide une telle prétention de cet explorateur ? Nous croyons pour notre part que c'est encore un cas de pure excentricité. Recherché un Jardin d'Éden littéral où Adam habitait est aussi futile que de chercher la vrai Église de Christ parmi les organisations ecclésiastiques du Christianisme Conventionnel. Ceux qui veulent "un Paradis Terrestre" matériel sont généralement les mêmes qui veulent un Royaume de Christ matériel qui serait d'une durée de mille ans. Ces gens marchent dans les voies de Cain et de Nemrod et sont des enfants de rébellion, tout comme ceux qui fondent des fausses églises et prêchent un faux Évangile.
C'est à ses confrères académiciens que le père Pierre Daniel Huet, qui passait pour l'un des hommes les plus savants de son temps, propose ce court traité sur la situation du paradis terrestre. Entreprise difficile tant : "la matière est obscure" : "On l'a placé dans le troisième ciel, dans le quatrième, dans le ciel de la Lune, dans la Lune même, sur une montagne voisine du ciel de la Lune dans la moyenne région de l'air, hors de la terre, sur la terre, sous la terre [...] On l'a mis sous le Pôle arctique, dans la Tartarie, là où est la mer Caspienne. D'autres l'ont reculé jusqu'à la Terre de Feu. Plusieurs l'ont placé dans le Levant, ou sur les bords du Gange, ou dans l'île de Ceylan, faisant même venir le nom des Indes du nom éden. On l'a mis dans la Chine et même par-delà le Levant dans un lieu inhabité, d'autres dans l'Amérique, d'autres en Afrique, sous l'équateur, d'autres à l'Orient équinoxial, d'autres sur les montagnes de la Lune, d'où l'on a cru que sortait le Nil, la plupart dans l'Asie, les uns dans l'Arménie majeure, les autres dans la Mésopotamie, ou dans la Perse ou dans l'Assyrie, ou dans la Babylonie, ou dans la Syrie, ou dans la Palestine. Il s'en est même trouvé qui en ont voulu faire honneur à l'Europe, et, ce qui passe les bornes de l'impertinence, qui l'ont établi à Hesdin, ville d'Artois, fondés sur la conformité de ce nom avec celui d'éden. Je ne désespère pas que quelque aventurier, pour l'approcher plus près de nous, n'entreprenne quelque jour de le mettre à Houdan." Pour sa part, Huet préfère le situer "sur le fleuve que produit la jonction du Tigre et de l'Euphrate, et qu'on appelle aujourd'hui le fleuve des Arabes, entre cette jonction et la division que fait ce même fleuve, avant que d'entrer dans la mer Persique".
Paradis terrestre en Arménie -- CLIQUEZ POUR AGRANDIR. Attenante à la Table historique du Premier âge du Monde Tirée de la Genèse [...], cette carte suit l'opinion du bénédictin Dom Calmet qui, au début du XVIIIe siècle, localisait le paradis terrestre en Arménie, entre les sources du Tigre, de l'Euphrate, du Phase et de l'Araxe. Depuis la Renaissance, les spécialistes ont passé au crible de la critique différentes hypothèses géographiques, tentant de concilier la lettre du texte sacré et les nouvelles connaissances issues des grandes découvertes. Peu suivie au Moyen Âge, où l'on supposait la zone torride inhabitable, l'hypothèse équatoriale avancée par Tertullien fut ainsi défendue par plusieurs auteurs, qui penchèrent pour une localisation tantôt en Afrique (Luis de Urreta), tantôt dans le Nouveau Monde (Christophe Colomb, Antonio de León Pinelo). Mais l'essentiel des commentateurs de la Genèse, soucieux de respecter la lettre qui plaçait le jardin d'éden à l'orient et citait le Tigre et l'Euphrate, optèrent pour le Proche ou Moyen-Orient, sans s'accorder toutefois sur une localisation plus précise : l'Arménie était ainsi en concurrence avec la Mésopotamie et la Terre sainte.
Qui se trouvera assez sot pour penser que, comme un homme qui est agriculteur, Dieu a planté un jardin en Éden du côté de l'Orient et a fait dans ce jardin un arbre de vie visible et sensible, de sorte que celui qui a goûté de son fruit avec des dents corporelles reçoive la vie éternelle ? Et de même que quelqu'un participe au bien et au mal pour avoir mâché le fruit pris à cet arbre ? Si Dieu est représenté se promenant le soir dans le jardin et Adam se cachant sous l'arbre, on ne peut douter que tout cela, exprimé dans une histoire qui semble s'être passée, mais ne s'est pas passée corporellement, indique de façon figurée certains mystères.
Le paradis n'est pas un lieu en un quelconque endroit de la terre, couvert d'arbres, mais il est spirituel, ensemencé avec les germes des vertus, planté dans la nature humaine, et, comme il est dit très clairement, rien d'autre que la substance humaine elle-même, faite à l'image de Dieu, dans laquelle demeurait avant la chute l'arbre de vie, c'est-à-dire la Parole de Dieu, la Sagesse.
Ces interprétations spirituelles du paradis et d'autres meilleures, s'il s'en trouve, rien n'empêche de les adopter, mais à condition de croire aussi à la vérité de cette histoire qui s'appuie sur le récit fidèle des événements.
Au début, l'esprit de la chair était en pleine communion avec l'Esprit de Dieu dans l'âme de l'homme. Nous retrouvons cette vérité dans ces paroles de l'apôtre Paul : "Mais celui qui est uni au Seigneur, est un même esprit avec Lui... Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit, qui est en vous, et que vous avez de Dieu?" (l Corinthiens 6:17,19) ; "C'est ce même Esprit qui rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu" (Romains 8:16). Dans cette union primordiale de l'Esprit de Dieu à l'esprit de l'homme avant la chute, l'âme fut ainsi un "jardin de délices" inspirée des fruits divins de l'arbre de la vie, qui est un symbole de l'Esprit de Dieu ; tout comme l'arbre de la science du bien et du mal est un symbole de l'esprit de la chair.
Nous voyons que ces deux arbres sont en plein milieu du Jardin ; c'est à dire dans le coeur de l'homme, car le mot "coeur" signifie "le centre". Ce qui nous indique que "le Jardin d'Éden" original fut "un état de grâce" manifesté par la présence de Dieu dans le coeur de l'homme. Cette interprétation est en accord avec la signification d'un symbolisme parallèle que nous trouvons dans Ésaïe et dans Jérémie : "L'Éternel sera toujours ton guide, il rassasiera ton âme dans les lieux arides. Et il redonnera de la vigueur à tes membres. Tu seras comme un jardin arrosé, comme une source dont les eaux ne tarissent pas" (Ésaïe 58:11) ; "Leur âme sera comme un jardin arrosé" (Jérémie 31:12). Nous obtenons ainsi la signification du Jardin d'Éden, non un jardin matériel avec des arbres fruitiers de toute espèce ; mais un Jardin spirituel avec les fruits de l'Esprit de Dieu (Galates 5:22). Nous voyons le même principe avec "le fleuve qui sortait d'Éden pour arroser le Jardin" (Genèse 2:10-14). Le fleuve mentionné ici, est le fleuve de la Grâce qui découle de la présence de l'Esprit de Dieu en l'homme. Nous trouvons une explication de ce symbolisme dans Ésaïe et dans l'Évangile de Jean : "Oh ! si tu étais attentif à mes commandements ! Ton bien-être serait comme un fleuve" (Ésaïe 48:18) ; "Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein... Il dit cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui" (Jean 7:38,39).
Il nous est dit dans la Genèse que le fleuve de la Grâce se divise en quatre têtes qui, dans le texte Hébreu, sont quatre soutiens. Le nom du premier est Pison qui signifie "Croissance"; le nom du second est Guihon qui signifie "Épreuve"; le nom du troisième est Hiddékel qui signifie "Diligence"; et le nom du quatrième est Euphrate qui signifie "Rémunération". Une traduction étymologique de Genèse 2:10-14, nous révélera la profondeur de l'intimité qui exista entre Dieu et l'homme dans l'Enclos de la Grâce ou Jardin d'Éden :
10- "Et un fleuve sortait de la Grâce pour saturer l'Enclos ; et de là il se divisait et formait quatre soutiens." Psaumes 1:3; Ésaïe 44:3; 58:11; Jérémie 31:12; Jean 7:38
11- "Le nom du premier est Croissance (Pishon) ; c'est celui qui entoure le pays de la Confiance (Havila), où se trouve l'or." Job 23:10; Proverbes 17:3; 1 Corinthiens 3:12,13; 1 Pierre 1:7
12- "Et l'or de cette région est gracieux ; là se trouve la Sanctification (bdellion), et la pureté de l'édification (pierre d'onyx)." 1 Corinthiens 1:30; 1 Thessaloniciens 4:3,4; 2 Thessaloniciens 2:13; Hébreux 12:14; 1 Pierre 1:2
13- "Le nom du second fleuve est Épreuve (Guihon) ; c'est celui qui entoure toute la région des passions (Cush)." Galates 5:16,17,24
14- "Le nom du troisième fleuve est Diligence (Hiddékel) ; c'est celui qui va vers le devant de la droiture (l'Assyrie). Et le quatrième fleuve, c'est la Rémunération (l'Euphrate)." Proverbes 10:4; 12:24,27; 13:4; 21:5; Matthieu 5:6,20; 6:23; Jean 15:16
Nous encourageons ceux qui veulent se lancer dans la science de l'étymologie, car son application dans la traduction des textes qui ont un contexte figuratif, est d'une valeur incommensurable.
Le grand Historien Juif, Joseph Flavius, qui écrivit son Histoire des Juifs vers la fin du premier siècle, nous dit qu'à partir du verset 4 Moise commença à s'exprimer d'une manière figurative. Ceci se voit dans le fait que l'ordre de la Création est inversée dans ce verset « des cieux et de la terre » à « la terre et les cieux ». Nous passons donc ici de l'ordre matériel à l'ordre spirituelle d'interprétation des faits historiques qui vont suivre. Le sens étymologique des mots Hébreux nous est d'une grande utilité ici pour comprendre l'essence du message que Moise veut nous transmettre.
Le Jardin d'Éden correspond spirituellement à l'Enclos de la Grâce de Dieu et le fruit de l'Arbre de Vie (Christ) correspond au fruit de l'Esprit ; de même que le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal correspond au fruit de la chair. Il est important de remarquer que le Jardin d'Éden ne fut pas un lieu géographique littéral, mais un état d'être dans laquelle l'homme fut placé en communion avec Dieu. Dieu avait limité l'extension de sa Grâce à l'homme qui devait la cultiver sans dépasser les bornes de son existence de créature. Le mot arbre porte la même signification que « Certitude ou Assurance », et le fleuve de la Grâce est nul autre que « le fleuve de l'Esprit » qui donnait à l'homme les quatre soutiens de sa croissance spirituelle dans les épreuves de la foi. Créé innocent et placé dans un état de Grâce, la foi de l'homme devait être éprouvée face à son Créateur.
Nous voyons ainsi que la vraie liberté se trouve uniquement en demeurant dans la Grâce de Dieu qui prend soin de tous nos besoins ; faire autrement a pour résultat la mort physique, spirituel, et éternel. Or l'homme avait besoin d'assistance dans son administration de la Création de Dieu et cette assistance devait correspondre aux besoins internes de son existence. À ce point l'homme n'avait pas encore la conscience de la faiblesse de son existence charnelle puisqu'il était dans une communion constante avec Dieu. La réalisation totale de son identité était nécessaire pour sa maturité, pour éprouvé sa fidélité, et pour engendré la chute afin que la créature soit restauré par la Grâce de la Souveraineté de son Créateur, autrement la créature aurait été sur un même pied d'égalité avec son Créateur. Le mot "manger" porte la notion "d'utiliser ou d'expérimenter" ; l'homme pouvait donc manger de tous les fruits de l'Esprit de Dieu, mais non du fruit de l'esprit de la chair ; c'est à dire que l'homme devait dépendre de Dieu pour son existence et non de lui-même. Ceci est la limite de la Grâce qui fut accordée à l'homme.
Source : Jean leDuc
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